Une joëlette à l’assaut des Pyrénées – Scouts et Guides de France

Une joëlette à l’assaut des Pyrénées

Début Juillet, la caravane de Gradignan s’est embarquée pour un défi : partir avec Marius, jeune pionnier en situation de handicap, à travers des panoramas uniques, du refuge du Chioula aux hauteurs surplombant la Méditerranée. Retour sur cette expérience avec Benjamin, chef pionniers-caravelles.


Organiser un camp en haute montagne avec un jeune handicapé moteur, ça semble un peu audacieux…comment est né ce projet ?

Ah bon ? En tous cas, les pionniers-caravelles n’ont pas hésité. Leur envie était simple : faire une activité sportive qui leur plaise et qui soit adaptée pour Marius. L’idée de faire un camp en haute montagne est venue naturellement. On a d’abord contacté un partenaire spécialisé dans l’organisation des randonnées en joëlette qui nous a proposé deux guides spécialisés. Et le Conseil régional a fourni la joëlette, indispensable pour permettre à Marius de nous accompagner à 1600 mètres d’altitude.

L’ascension du col et du refuge du Chioula s’est très bien passée. On s’est relayés pour porter la joëlette, atteindre le refuge et son panorama. Après cette première étape, les jeunes sont partis en autonomie en trek. Marius a suivi sans problème son équipe, grâce à son fauteuil électrique et à un parcours adapté, qu’on avait étudié à l’avance. Ce trek s’est terminé par une cérémonie des promesses émouvante avec une vue splendide sur la Méditerranée.

Est-ce que Marius a changé ta manière de vivre le scoutisme ?

Il nous a apporté un autre regard. Avoir un jeune en situation de handicap dans l’unité, pour nous, ce n’était pas une contrainte mais l’occasion de découvrir un autre rythme de vie. Personnellement, ça m’a apporté beaucoup de patience. S’occuper de quelqu’un, ça révèle des qualités et des facettes de soi-même qu’on ne soupçonne pas.

Tout s’est fait de manière fluide cet été. Après 3 ans passés dans l’unité, Marius est parfaitement intégré, tout est devenu naturel. Pour les repas, une jeune prenait spontanément sa gamelle pour l’aider à manger. Pendant le trek, un chef l’attendait pour être à son rythme. Sur la plage, les pionniers l’ont porté sur le sable pour qu’il reste avec nous et qu’il puisse se baigner. La méthode pour faire face sereinement à toutes les situations ? Se passer le relais et organiser un roulement dans l’équipe, tout simplement. Et, en partageant ces moments avec lui, on est au cœur du scoutisme.

Est-ce que tu as des conseils à donner à des chefs et cheftaines pour accueillir des situations de handicap ?

Ne pas avoir peur de se lancer ! Accueillir un jeune ou un adulte en situation de handicap, ça apprend beaucoup de chose et ça fait grandir. C’est vraiment une expérience à vivre. Voir le sourire de Marius quand il est arrivé au sommet du col du Chioula dans les Pyrénées… Voir son regard quand il s’est baigné pour la première fois dans la Méditerranée… Ça laisse des souvenirs ineffaçables.

La solution pour un accueil réussi, c’est la discussion. Il faut en parler avec les familles, en maîtrise comme avec les jeunes. Le dialogue est essentiel, pour être à l’écoute des peurs et des craintes de la personne handicapée, comme des jeunes de la caravane. Un jeune ou un adulte en situation de handicap demande beaucoup d’attention. Il faut en être conscient et en discuter, pour que chacun puisse adhérer librement à ce projet. Nous avons aussi bien sûr pris le temps de construire une relation de confiance avec ses parents, qui nous ont beaucoup aidés. Bref, il faut de la préparation. Mais il ne faut jamais se dire d’emblée « c’est impossible ». Beaucoup de choses sont possibles, il faut simplement savoir s’adapter.