Les pieds dans la boue, la tête près des étoiles : à Rocamadour, entre service et spiritualité – Scouts et Guides de France

Les pieds dans la boue, la tête près des étoiles : à Rocamadour, entre service et spiritualité

Au cœur de la magnifique région de Rocamadour, dans le Lot, les caravanes des groupes SGDF de Dole (Jura) et des Petits-Villages (Aisne) se sont réunies du 10 au 20 août 2023 pour un camp mémorable, mobilisant engagement spirituel et responsabilité environnementale. Avec une bonne dose d’itinérance.

Le calme après la tempête

À 10 heures (11 à l’heure du camp, décalée pour profiter de la fraîcheur matinale) il fait déjà très chaud. Pendant que certains curent les bassins devant le château, d’autres préparent le concours-cuisine de midi dans la tente-popote. Il y a du niveau : caviar tomates-agrumes, chackchouka d’aubergines au poulet et riz, tarte aux myrtilles. Le tout bio et local un accord a été passé en amont avec une épicerie du village. L’empreinte carbone et la gestion des déchets sont aussi prises en compte pour le classement final de ce concours cuisine.

Pour les autres, c’est repos à l’ombre des chênes verts d’où pendent des hamacs. La veille, un orage monumental s’est abattu sur le plateau et la falaise, inondant la Pietà (statue de la Vierge) au sommet du chemin de croix. De service au sanctuaire, ces caravelles et pionniers ont dû écoper au seau. Prévoyants, ils ont aussi pris l’initiative de se préparer à la prochaine averse en débouchant les évacuations engorgées, creusant des rigoles et érigeant des murets pour protéger l’emplacement. L’un des deux thèmes du camp, le service, n’est pas resté un vain mot.

Esprit de service

Service rendu également en tenue complète aux sanctuaires, qui voient passer chaque année des centaines de milliers de pèlerins et de marcheurs de tous les horizons, et aux cheminements spirituels très divers. Mais aussi pour attester de la présence active des SGDF dans un des hauts lieux de la foi catholique, aux côtés de représentants d’autres branches du scoutisme souvent perçus comme plus familiers de ces rassemblements.

« Quand le recteur nous croise en tenue le matin à balayer avant l’ouverture du sanctuaire à la foule ou à éplucher des fruits pour le repas des pèlerins, j’imagine que ça ne fait pas de mal à l’image du mouvement », euphémise Hugo, qui a aussi porté sa chemise au lycée à l’occasion d’une action contre le harcèlement scolaire. Conquis par la spontanéité et le dévouement dont on fait montre les pionniers-caravelles pendant leur séjour, les responsables des sanctuaires encouragent d’ailleurs de plus nombreux groupes SGDF à prendre du service à Rocamadour*, en échange d’un accueil trois-étoiles en termes de lieu de camp, d’intérêt culturel et écologique, d’opportunités de trail et, bien sûr, de spiritualité.

Cheminement spirituel

La spiritualité, second thème de ce camp haut en couleurs, les jeunes ont eu maintes occasions de la vivre ou de la questionner en regard des principes du mouvement, « catholique, donc ouvert à tous. » Pourtant, si les trois jours d’itinérance d’Assier à Rocamadour – 45 km de sentiers à travers le causse (plateau) sous un soleil de plomb ­- ont été pour beaucoup l’occasion de réfléchir à leur rapport à la foi, rien ne les préparait au bain de ferveur qui les attendait à leur arrivée.

Car, service oblige, ce sont eux qui ont eu l’honneur de porter la statue de la Vierge noire lors de la procession du 15 août, depuis le quartier de l’Hospitalet jusqu’à la basilique Notre-Dame, gravissant les 216 marches emblématiques, suivis par la foule des pèlerins. Une expérience marquante pour chacun et chacune, quel que soit son rapport à la religion.

Compréhension mutuelle

Ce service aux sanctuaires permet aux jeunes d’accéder à des endroits normalement fermés au public, et de vivre des moments spirituels intenses. Lors d’une visite animée par un père dominicain, ils ont ainsi eu l’occasion de se recueillir dans la crypte Saint-Amadour.

Joséphine, cheftaine, témoigne. « Un moment pareil, peut parler autant aux jeunes qui croient qu’à ceux qui ne croient pas. Hier l’un d’entre eux m’a confié que l’expérience l’avait touché, en plus de l’intérêt historique, par l’ambiance de recueillement et ce besoin de spiritualité éprouvé par ses camarades, qui le questionne. » Des moments « spi » qui sont proposés mais jamais imposés, laissant aux jeunes la liberté de choisir leur degré d’engagement. Certains assistent aux Laudes (l’office du matin), d’autres pas. Mais tous se retrouvent le soir autour d’un texte, évangile ou citation de Charlie Chaplin, qui lance passionnément le débat quelle que soit la croyance ou la non-croyance des participants, et encourage la compréhension mutuelle.

Et les chefs et cheftaines ?

La spiritualité dont témoignent caravelles et pionniers rejaillit à l’évidence sur la maîtrise. Sur François-Xavier, qui organisait là son ultime camp en tant que directeur de camp, et l’accueille comme un aboutissement. Sur Paul qui retrouve le message des évangiles dans l’engagement et la bienveillance concrets du scoutisme. Sur Léonie, que la joie et la positivité des jeunes encouragent dans son propre parcours de foi ravivée par les JMJ. Tous, ils soulignent l’importance de l’atmosphère joyeuse du scoutisme, qui offre à chacun et chacune l’occasion d’interroger sa foi et l’expression de la spiritualité chez les autres. Sans juger.

Contact : Pierre-Henri de la Fage, directeur : directeur@sanctuairerocamadour.com