Le scoutisme, une école d’élus engagés – Scouts et Guides de France

Le scoutisme, une école d’élus engagés

Mouvement d’éducation populaire, les SGDF forment depuis 100 ans des citoyens et des citoyennes engagés dans la cité. A l’occasion de l’anniversaire des municipales 2020, rencontre avec Cédric Van Styvendael, élu maire de Villeurbanne (69), et ancien responsable adjoint du groupe scout local de Sainte Madeleine.

Est-ce que tu peux nous rappeler en quelques mots ton passé scout ?

J’ai fait tout mon parcours à Chambéry, des louveteaux (8/11 ans) aux compagnons (18/21 ans). J’ai ensuite été chef avec ma femme Bérengère, avant de prendre ensemble des responsabilités régionales pour la tranche d’âge des 11/14 ans. En 1998, je suis devenu commissaire national pour le mouvement, en charge du développement du scoutisme dans les quartiers populaires. Puis je me suis engagé dans le groupe Charpennes dans lequel étaient nos quatre enfants pour devenir accompagnateur compagnons. Avec Bérengère, nous avons enfin été responsables du groupe de Villeurbanne entre 2016 et 2019.

Avec du recul, est-ce que tu as l’impression que le scoutisme t’a appris à devenir un citoyen engagé ?

J’ai souvent l’habitude de dire que j’ai mobilisé dans mes différentes expériences professionnelles de nombreuses compétences développées chez les Scouts et Guides de France. Plus encore que celles que j’ai acquis à travers mon parcours universitaire, même si celui-ci était bien sûr de qualité et d’un grand intérêt !

Mais les scouts m’ont apporté de nombreux atouts : le travail d’équipe, la solidarité, la volonté de préserver la planète, l’engagement auprès de celles et ceux qui ont le moins, l’autonomie et la prise de responsabilité, l’exercice de la démocratie et le sens de la parole donnée… Tout cela s’acquiert bien plus facilement en le vivant au quotidien et en l’expérimentant entre jeunes entourés d’une présence adulte responsabilisante et bienveillante.

Qu’est-ce qui t’a décidé à te présenter à l’élection municipale de Villeurbanne ?

Mon parcours professionnel a toujours été marqué par l’envie de trouver du sens et de mettre au service de la collectivité mes compétences et mon envie d’agir. D’abord chez les Scouts et Guides de France, puis en tant que consultant sur des questions d’urbanisme et enfin en tant que directeur général d’un organisme de logement social.
D’un point de vue personnel, ce qui m’a décidé à me lancer, c’est la volonté d’améliorer l’environnement quotidien des villeurbannais et villeurbannaises.

Cet engagement est aussi le résultat d’une dynamique collective. Ma famille a accepté que je me lance dans cette aventure un peu folle. Ce sont les premiers qui y ont cru, parfois plus que moi, et qui m’ont soutenu dès le début. Et, bien sûr, toutes celles et ceux qui se sont mobilisés pendant la campagne parce qu’ils se sont retrouvés dans la façon de faire : rassembler le plus largement possible et élaborer collectivement le programme avec des méthodes très participatives. Ils ont été plus de 800 à être très actifs, la dynamique était assez incroyable.

Quelles sont les convictions des Scouts et Guides de France que tu souhaites faire vivre dans ton mandat ?

Les convictions de l’éducation populaire, tout d’abord : les réponses dont notre planète, notre pays, nos villes ont besoin ne pourront se mettre en place sans la formidable énergie que peuvent mobiliser celles et ceux qui y vivent. Il faut qu’on leur laisse véritablement la possibilité de s’engager pour changer les choses.
Celles de la démocratie en acte, ensuite : chaque parole doit être respectée et a un véritable poids dans les processus de décision.
Celles de la préservation de notre « maison commune » : en luttant contre les inégalités et les comportements qui mettent en danger notre planète, en revendiquant clairement que certains biens sont un patrimoine commun (eau, santé, logement, éducation, culture…) et qu’ils ne peuvent être laissés à la folie de la spéculation financière.
Et enfin, travailler sans relâche, mais surtout ne pas se prendre trop au sérieux et rester suffisamment modeste dans ses ambitions. Pour reprendre les mots de Baden-Powell, fondateur du scoutisme « Essayez de quitter ce monde en le laissant un peu meilleur que vous ne l’avez trouvé. »

Une petite anecdote sur tes premiers mois en tant qu’élu municipal ?

Le 16 octobre 2020, je me suis rendu au Phare, un lieu d’accueil de familles sans abris qui leur permet d’accéder à des soins d’hygiène : douche, laverie, biens de première nécessité. J’étais en compagnie de Christophe Robert, le patron de la fondation Abbé Pierre. Au programme : visite du lieu, rencontre avec les équipes et les familles accueillies ainsi que la signature de la déclaration des droits des personnes sans-abris proposée aux élus par la Fondation.

Un jeune garçon réfugié vient me voir et me demande « comment on fait pour être maire, monsieur le maire ? ». Un brin paternaliste, je lui réponds qu’il faut déjà commencer par bien travailler à l’école et lui de me répondre sans se démonter : « ça tombe bien ! Je commence demain ». Il venait d’apprendre qu’il avait obtenu sa scolarisation dans l’un des établissements scolaires de la ville…