Produire 100 000 masques pour Mulhouse ? Chiche !

Face à la crise sanitaire qui a frappé durement la région Grand-Est, les engagements solidaires fleurissent. A Mulhouse, les groupes de la 1ère et 5ème se sont mobilisés autour d’un défi collectif : produire de dizaines de milliers de masques. Retour sur cette opération avec Pascale Schnoebelen, chargée de mission pour Haïti et ancienne responsable du groupe de la 1ère Mulhouse.

COMMENT EST-CE QUE TOUT ÇA A COMMENCÉ ?

Etant la première région touchée massivement en France par le Covid-19, on a vite compris que le port des masques était important pour limiter les risques de contamination. Début mars, l‘agence de participation citoyenne « Mulhouse, c’est vous » nous a contactés par l’intermédiaire d’une amie pour nous dire qu’ils avaient besoin des ressources des SGDF pour aider à produire des masques en tissu à grande échelle. Depuis plusieurs années, nous avons en effet des liens étroits avec la Ville, en particulier depuis You’re Up (rassemblement pionniers -caravelles de l’été 2015 ndlr).

Et là, tout s’est enchainé très vite, un système de production a été imaginé autour du collectif citoyen des Couturières solidaires, et les bénévoles des groupes de la 1ère et la 5ème Mulhouse ont proposé des personnes ressources à tous les niveaux : comité de pilotage, communication, logistique, listings, gestion des flux, gestion des coursiers… Familles, jeunes, chefs, cadres et responsables : tous les échelons des SGDF à Mulhouse y participent !

COMMENT LA PRODUCTION DE MASQUES FONCTIONNE-T-ELLE AUJOURD’HUI ?  

L’achat de tissu est déjà toute une affaire : pour réaliser les masques aux normes Afnor, il faut en effet du tissu homologué, répondant à des normes précises. Les premiers stocks ont été récupérés grâce aux dons d’entreprises de la région. Le tissu est d’abord découpé par des familles et personnes volontaires, des enfants aux grands-parents, en carrés de 20 cm de côté pour préparer le travail des couturières.

On essaie en effet d’aider autant que possible en amont ces expertes de la couture qui sont une ressource rare et précieuse. Ces carrés sont ensuite transportés jusqu’aux couturières par des jeunes dans des sacs spéciaux et en respectant une procédure sanitaire stricte. Une fois les masques cousus, ils sont centralisés dans un labo pour que leur qualité soit vérifiée. Puis ils sont distribués gratuitement à diverses structures qui en font la demande : l’Hermitage (Maisons d’enfants à caractère social), des foyers ou des Ehpads, par exemple. Un fond solidaire a été levé et le système bénéficie de l’aide financière de fondations, ce qui permet de donner gracieusement ces masques aux structures dans le besoin.

La production a été lancée le lundi 6 avril et nous améliorons régulièrement notre système. Face à des flux toujours plus importants à gérer, nous avons fait appel à un développeur au sein du réseau pour utiliser une appli dédiée, d’autres bénévoles mettent au point une découpeuse laser pour produire plus rapidement 2 500 carrés de tissus et une cinquantaine de jeunes de 17-20 ans (un âge minimum a été retenu pour bien respecter les gestes barrières) font les coursiers. Au total, l’opération mobilise près de 240 bénévoles dont 130 couturières. Nous nous sommes fixés pour défi de produire 100 000 masques pour Mulhouse !

LE SYSTÈME EST DONC IMPRÉGNÉ DES COULEURS DES SCOUTS ET GUIDES DE FRANCE ?

Absolument ! Ce qui est vraiment valorisant, c’est de voir que ce système profite à plein du savoir-faire scout : on met en pratique l’expérience d’organisation propre à nos rassemblements. L’expertise logistique et l’exigence de qualité sont de vrais atouts que nous mettons en œuvre pour aider autant que possible nos voisins dans ce contexte difficile. Et, bien sûr, toutes les bonnes volontés peuvent nous rejoindre : familles et personnes âgés, tout le monde a un rôle à jouer, tous peuvent être utiles !

L’aide solidaire des SGDF ne se limite pas qu’aux masques : nous avons participé à la fabrication de 3600 litres de gel hydroalcoolique en lien avec le syndicat des pharmaciens du Haut-Rhin. Les jeunes sont aussi engagés pour faire les courses et les livraisons de médicaments aux personnes âgés. Ils transportent du tissu pour les masques le matin et du gel hydroalcoolique l’après-midi, toujours en tenue, pour faciliter le travail de contrôle des forces de l’ordre qui nous ont bien identifié comme l’un des maillons de la chaine solidaire à Mulhouse.

Un conseil pour les groupes ? Si vos membres veulent s’engager et que vous vous demandez ce que vous pouvez faire pour vous rendre utiles, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre commune pour travailler ensemble !

Plus d’infos sur les pages Facebook des couturières solidaires, de la 1ère et 5ème Mulhouse.