La caravane des Rives de Seine et Oise en mode Welcome

Les pionniers-caravelles ont relevé haut la main le défi de l’accueil lors de leur camp d’été. Retour sur cette expérience avec Timothée, responsable d’unité et directeur de camp.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’accueillir de nouveaux jeunes cet été ?


J’avais entendu parler des démarches d’accueil et du défi Brownsea… Ça m’avait donné envie ! En début d’année, les jeunes avaient décidé de fabriquer des goodies et de faire des flocages de sacs pour financer leur camp. En revenant du week-end Welcome, on a proposé à la caravane de se servir de l’argent récolté pour inviter des jeunes qui ne pourraient pas partir en vacances à venir avec nous cet été. Ils ont été d’accord tout de suite et l’aventure a commencé !

Comment vous êtes-vous préparés pour cet accueil ?

Avec les jeunes, on a soigneusement préparé la démarche d’accueil. On a réfléchit ensemble à ce que ça signifie être accueilli. On a aussi fait des mises en situation, par exemple en utilisant le jeu du « pas en avant »(1) ; ce temps a permis aux jeunes de savoir et même ressentir ce que ça fait de se sentir mis à l’écart ou au contraire bien accueilli. On a aussi fait des temps spirituels sur l’accueil, notamment autour de l’idée qu’on est tous l’étranger de quelqu’un.

De mon côté, j’ai appelé l’association Habitat et Humanisme, l’un de nos partenaires. Ils m’ont transmis les contacts de deux familles qui vivaient dans le coin de là où on allait faire notre camp, en Ardèche. Les parents étaient tout de suite partants, c’est pour les jeunes que ça a été plus compliqué.

Qu’est-ce-qui a été compliqué avec les jeunes ?

Je pense qu’ils avaient surtout peur d’arriver dans un groupe où tout le monde se connaissait, de ne pas se faire d’amis… Les parents nous ont dit oui, mais on a assez vite compris qu’ils avaient un peu forcé leurs enfants. Cela a créé une inquiétude (relative) dans la maîtrise… J’ai appelé les deux jeunes au téléphone pour les rassurer, j’ai senti leur crainte de ne pas trouver leur place mais aussi de la curiosité. Quelques temps après, sans trop savoir comment ça allait se passer, on les retrouvait à la gare pour partir sur le lieu de camp.

Comment ça s’est passé, tu nous racontes ?
C’était incroyable, en 20 minutes ils faisaient déjà partie du groupe ! On avait une heure de bus pour aller sur le lieu de camp, ils ont pu beaucoup discuter de leur goût, de musique, de tout et de rien… En arrivant, une dynamique était déjà lancée. On avait prévu une petite cérémonie pour leur expliquer les symboles du foulard, de la chemise, du Cairn (symbole de la progression personnelle chez les 14-17 ans) et on leur a offert. C’était un moment fort pour tout le monde.

Pendant le camp, ce sont les jeunes qui ont géré l’accueil des nouveaux : ils leur ont transmis leur connaissance du scoutisme. Tous les membres de la maîtrise ont ressenti le plaisir qu’avaient les jeunes à transmettre cette vie scoute, expliquer les installations, la signification des pierres de Cairn ou la promesse…

Peu avant la fin du camp, les deux jeunes accueillis ont prononcé leur promesse. C’était un moment très fort, car à cet âge, on comprend bien ce que signifie cet engagement. Ça a confirmé ce qu’on pressentait, le camp est un super moment pour accueillir ; on prend le temps de se découvrir, de transmettre les bases et les valeurs du scoutisme, on partage la vie quotidienne.

Tu retiens quoi de tout ça ? Et aurais envie de transmettre quel message aux chefs et cheftaines ?
Je ne regrette rien, ça a été une expérience ultra stimulante ! En peu de temps, je les ai vus progresser de manière impressionnante : ils ont gagné en autonomie, en responsabilisation, en vie en collectivité… J’ai moi aussi repris conscience de toute l’importance du rôle de chef avec ces jeunes, car ils découvraient tout.

Administrativement, c’est un parfois peu plus compliqué : en tant que chef et cheftaine, on a besoin du soutien de notre groupe. Il faut qu’on se sente soutenu largement dans cette démarche d’ouverture. On a eu un mail de la DT qui nous a dit en gros « allez-y foncez ! », ça nous a encouragé à ne pas abandonner le projet à un moment où on doutait.

Avec le recul, je me dis qu’on aurait pu aussi accueillir des jeunes qui vivent près de notre groupe, pour pouvoir les accueillir à la rentrée. Mais ça nous a semblé plus simple de les accueillir près de notre lieu de camp. Et j’ai repris contact avec eux à la rentrée, j’ai appris qu’ils avaient fait des démarches pour s’inscrire dans un groupe scout à côté de chez eux. La graine du scoutisme a été semée et je sais qu’elle va germer.

(1) Ce jeu permet à chaque participant de se mettre dans la peau d’un personnage et de percevoir combien certains ont plus d’atouts que d’autres. Placés en ligne, les participants sont invités à faire un pas en avant si leur personnage peut répondre positivement à des affirmations qui lui sont proposées. Ce jeu permet ensuite d’échanger avec les participants d’une part sur ce qu’ils ont ressenti au cours du jeu et, d’autre part, sur les situations d’inégalité pouvant exister entre jeunes.